Des évaluations nationales standardisées avaient lieu pour la première fois en CM1 à cette rentrée 2023. Si les exercices choisis méritent d’être analysés et critiqués, comme l’ont fait les didacticiennes présentes au colloque de la FSU-SNUipp « L’évaluation dans tous ses états » des 18 et 19 septembre dernier, les résultats donnent des informations qui permettent d’interroger la politique éducative conduite par le ministère.
Le principal problème posé par l’extension des évaluations nationales imposées est la conception du métier qu’elles portent : le ministère confirme qu’il compte piloter le travail des enseignant.es à partir de cet outil, plutôt que de miser sur le renforcement de la professionnalité enseignante afin que chaque PE construise dans sa classe les progressions les plus utiles à la réussite de ses élèves.

Résultats genrés

Quel que soit le domaine évalué en début de classe de CM1 en français, les filles présentent de meilleures performances que les garçons. L’écart le plus élevé (8 points) concerne le domaine « comprendre des textes lus seul(e) » (70,8 % de filles en « réussite » contre 62,8% de garçons).
En mathématiques, en début de CM1, les garçons présentent des performances supérieures à celles des filles dans tous les domaines à l’exception du calcul posé. C’est dans le domaine « mémoriser des procédures » que l’écart est le plus important (17,8 points).

Résultats et origine sociale des élèves

Le secteur d’enseignement est prégnant. Les écoles hors éducation prioritaire ont 25,8% d’élèves “à besoin” et 59,2% d’élèves “en réussite”. Les écoles en REP+ ont 42,2% d’élèves “à besoin” et seulement “41,3% d’élèves “en réussite”.

Commentaire de la FSU-SNUipp :
Les classes de REP+ se caractérisent par un volume beaucoup plus conséquent d’élèves en difficulté et une proportion d’élèves en réussite beaucoup plus faible.

En français

Les écarts de maîtrise (au-dessus du seuil 2) entre les élèves scolarisés dans le secteur public hors éducation prioritaire et ceux scolarisés en REP sont de l’ordre de 7 à 16 points selon les domaines évalués.
Les écarts de maîtrise entre les élèves scolarisés dans le secteur public hors éducation prioritaire et ceux scolarisés en REP+ varient de 14 à 25 points selon les domaines évalués.
Les écarts sont supérieurs à 20 points pour le lexique (« savoir trouver des synonymes » et « savoir trouver des mots de la même famille »), la compréhension de l’écrit (« comprendre un texte lu seul.e ») et l’utilisation des « marques d’accord pour les noms et adjectifs ».
L’écart le plus marqué entre REP+ et public hors EP atteint 25,2 points pour la compétence « savoir trouver des mots de la même famille ». L’écart le moins important, mais néanmoins élevé, concerne l’écriture de mots sous la dictée (14,3 points).

Commentaire de la FSU-SNUipp :
Ce constat confirme que l’effort pédagogique pour les élèves les moins « connivent·es avec l’école » ne porte pas sur les bons objets. Si la correspondance phonèmes-graphèmes et la maîtrise du code alphabétique sont indispensables, ce n’est pas à cet endroit que se construisent les inégalités scolaires. La vision étapiste de l’apprentissage de la lecture et la place donnée à l’oralisation rapide (fluence), avec une exclusion de la dimension de production de sens, ne résorbe pas mais aggrave les écarts. Il est symptomatique que l’écart le plus important porte sur les liens sémantiques entre les mots, alors qu’il s’agit d’un point d’appui nécessaire à la compréhension par l’identification du morphème « porteur de sens » entre les mots de même famille.

En mathématiques

Mémoriser les faits numériques est l’item le plus échoué, avec 38,2 % hors EP et 50 % en REP+. Il y a donc un écart de 11,8 points entre les deux. En résolution de problème, pour le groupe sous le seuil 1 (11,6% hors EP et 28,9% pour les REP+) l’écart est de 17,3 points, c’est l’écart le plus élevé. Pour poser et calculer, l’écart est de 15,3 (deuxième écart le plus élevé).
Placer un nombre sur une règle graduée fait apparaître, selon le même critère (proportion des élèves en deçà du seuil 1) un écart de 12,8, donc plus faible qu’ailleurs.

Commentaire de la FSU-SNUipp :
On peut s’interroger sur la source des difficultés des élèves les moins connivents qui ne semble pas pouvoir être réduite à une mauvaise connaissance des nombres.
La conférence de consensus du CNESCO sur les mathématiques en 2015, avait relevé parmi ses recommandations que “l’enseignement des nombres et des opérations ne peut se limiter à l’enseignement de leur utilisation”, qu’il est nécessaire de “travailler le sens des opérations” ou encore que “le calcul mental et le calcul en ligne devraient être travaillés avant le calcul posé”, sur des périodes plus longues. Cela renvoie notamment à la nécessité d’une formation initiale et continue solide, en mathématiques et en didactique des mathématiques.

Analyse des résultats 2023 des évaluations CM1

Analyse des résultats 2023 des évaluations CM1