Note d’information n°24.03 de janvier 2024 de la depp*

Pour la deuxième année consécutive, 71 000 personnels (enseignant•es des premier et second degrés, personnels administratifs, personnels de direction, CPE, assistant•es sociaux•ales, psychologues, infirmier•es, médecins scolaires) ont répondu à l’enquête nationale initiée par la DEPP et réalisée avec l’Observatoire du bien-être du CEPREMAP* et le Conseil scientifique de l’EN* au printemps 2023.
Pour la première fois, le Baromètre du bien-être au travail intègre les AESH qui ont été 3 000 à répondre.
Cette enquête aborde les thèmes suivants : environnement de travail, relations sociales dans le cadre professionnel, rémunération, perspectives de carrière, conciliation vie professionnelle et vie personnelle, sens associé au travail. Des points sont communs avec d’autres enquêtes menées en population générale et permettent de comparer les réponses des personnels de l’EN avec l’ensemble des Français•es. Chaque point est évalué sur une échelle de 0 (pas du tout) à 10 (tout à fait).

Satisfaction professionnelle et conditions de travail :

Comme pour l’enquête précédente, la satisfaction professionnelle des personnels de l’EN reste inférieure à celle des Français•es en emploi. Ils et elles attribuent la note moyenne de 5,9 (6 en 2022) alors qu’elle est de 7,3 pour l’ensemble des Français•es en activité. Dans le premier degré, cette note est un petit peu plus élevée (6,3 pour les directeurs et directrices partiellement déchargé∙es, 6,4 pour les déchargé∙es à temps complet et 6,1 pour les enseignant•es adjoint•es), à l’exception des enseignant•es remplaçant•es (5,6).

Déclaration des personnels sur la satisfaction de leur travail en général
Source : depp

Concernant l’évaluation de leurs conditions de travail, il y a peu d’évolutions. Les personnels de l’EN attribuent la note moyenne de 4,8 à leurs conditions de travail, 2,9 à leurs perspectives de carrière et 3,3 à leur satisfaction quant à leur rémunération. Les chiffres sont quasi identiques pour les personnels du premier degré. Les personnels de l’EN sont globalement insatisfaits de leurs perspectives de carrière (possibilités d’avancement, de promotion et de rémunération) : 62% attribuent une note comprise entre 0 et 3.

Déclaration des personnels sur la satisfaction vis-à-vis de leurs conditions de travail
Source : depp

La rémunération est également une source d’insatisfaction forte. 57% des personnels de l’EN attribuent une note entre 0 et 3.
Parmi 13 domaines d’amélioration proposés dans l’enquête, les 5 qui arrivent en tête sont le pouvoir d’achat, la charge de travail, l’aménagement des fins de carrière, les perspectives de carrière et la santé au travail.
Quel que soit le degré de satisfaction général dans leur métier, 58% des personnels ont choisi le pouvoir d’achat en premier et 49% la charge de travail.

Domaines à améliorer prioritairement pour l’exercice du métier, selon le niveau de satisfaction professionnelle – Source : depp

Les personnels de l’EN déclarent une charge de travail excessive avec une note de 7,4 sur 10 et un sentiment d’épuisement élevé avec une note moyenne de 6,8, note identique à 2022. Ces notes sont plus élevées chez les enseignant∙es du premier degré (respectivement 7,8 et 7,2).

Vie et métier :

Bien que les personnels de l’EN considèrent plus souvent que les autres cadres que leurs horaires de travail sont en adéquation avec leur vie personnelle, cet avantage s’est réduit entre 2013 et 2019. La satisfaction concernant le temps accordé à la vie personnelle est en légère baisse à 5,3 (5,7 en 2022) et toujours inférieure à la satisfaction déclarée par la population générale (6).

Relations au travail :

Les personnels de l’EN apprécient de manière générale, exercer dans leur école ou établissement : la satisfaction s’élève en moyenne à 7 (7,1 en 2022).
Alors qu’ils et elles donnent la note moyenne de 7,3 pour évaluer le respect des élèves à leur égard et la note moyenne de 5,7 pour évaluer le soutien de leur hiérarchie, les remplaçant∙es du premier degré expriment des avis moins favorables : respectivement 6,5 et 4,2.

Opinion des personnels sur leurs relations avec les élèves, leurs collègues et leur hiérarchie
Source : depp

Valorisation par la société :

Comme en 2022, les personnels de l’EN ont un sentiment de dévalorisation de leur métier aux yeux de la société. La note moyenne attribuée est identique à l’année passée à 2,5.

AESH :

Les AESH se disent plus satisfait∙es de leur travail que les autres personnels de l’EN avec une note moyenne de 7,1 (contre 5,9). Ils et elles sont satisfait∙es de leur vie et de la valorisation de leur métier dans la société. Ils et elles ont un sentiment positif vis-à-vis de leur environnement de travail, du respect des élèves à leur égard et des relations au travail. Mais, les AESH sont insatisfait∙es de leur rémunération et de leurs perspectives de carrière (2,1 et 2,9/10)

Déclaration des AESH dans les différents domaines du bien-être au travail – Source : depp

Comme en 2022, le pouvoir d’achat, la charge de travail et l’aménagement de fin de carrière sont les trois domaines les plus cités. Cela vaut pour l’ensemble des personnels de l’EN, comme pour ceux du premier degré.

Cette enquête met en lumière ce qui est au cœur de la campagne de la FSU-SNUipp. La rémunération et les conditions de travail sur lesquelles il est plus qu’urgent de gagner des améliorations sont les principaux éléments de reconnaissance de la professionnalité. Il apparaît que les personnels ne sont satisfaits ni de l’un ni de l’autre et même si les chiffres évoluent peu, le degré d’insatisfaction s’accentue légèrement.
Les conditions de travail dégradées telles qu’elles le sont actuellement dans l’Éducation nationale induisent de véritables risques psycho-sociaux pouvant entraîner de la souffrance, un sentiment de travail empêché et une perte de sens du métier.
L’épuisement mêlé à l’allongement de la durée des carrières créent une inquiétude quant à la capacité à rester dans le métier et à pouvoir partir sans décote.
Le ministère ne doit plus fermer les yeux face au mal-être et au manque de reconnaissance des agents et agentes enseignant∙es et AESH dont les difficultés de recrutement et les démissions croissantes en sont les conséquences.

Le SNUipp-FSU revendique :
● une augmentation immédiate du traitement de 300€ nets par mois, sans condition, pour chaque personnel,
● une amélioration des conditions de travail passant par des effectifs allégés partout, des recrutements d’enseignant•es spécialisé•es, de “plus de maîtres que de classes”, de remplaçant•es …
● la mise en place d’une politique de prévention des risques professionnels prévoyant, entre autres, un cadrage strict liée à la déconnexion,
● l’instauration d’une médecine de prévention de proximité
● des moyens mis au service de l’inclusion scolaire à la hauteur des enjeux.
● la reconnaissance du métier d’AESH passant par une hausse de salaire, de la formation et la possibilité de travailler à temps complet.

* Depp = Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance. La Depp est un service statistique qui exerce ses compétences d’évaluation et de mesure de la performance dans les domaines de l’éducation et de la formation. Les données collectes servent à prévoir, orienter et guider l’évaluation des politiques conduites par le ministère de l’éducation nationale.
* CEPREMAP = CEntre Pour la Recherche ÉconoMique et ses APplications. Appliquées à la Planification. Cette association a pour objet de développer l’interface entre la recherche en sciences économiques et la décision publique. Pour chaque thème de recherche, l’association s’engage à favoriser le rapprochement entre les chercheurs et les décideurs publics et privés.
* Conseil scientifique de l’Education nationale : instaurée par Jean-Michel Blanquer, en 2018, le Conseil scientifique de l’éducation nationale dit avoir pour mission la réduction des inégalités. Il est composé de chercheurs oeuvrant pour la politique du ministère de l’EN.

Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale

Baromètre du bien-être au travail des personnels de l’Éducation nationale